Les plateformes low-code: nouveau standard de la création d’applications ?

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plateformes low-code ?

Low-code : une vieille promesse ?

Cette promesse ne date pas d’hier ! De nombreux éditeurs se sont depuis longtemps spécialisés dans la mise à disposition d’outils censés se substituer, en partie du moins, aux travaux des développeurs.

Les AGL pour Ateliers de Génie Logiciel aussi connus sous l’acronyme anglais CASE (Computer Aided Software Engineering) désignent un ensemble de programmes informatiques. Ils permettent de produire des programmes de façon industrialisée. Ces moyens de développement sont censés grandement faciliter la tâche de l’ingénieur. Ils mettent à sa disposition entre autres choses :

  • Une interface graphique pour modéliser ou concevoir des composants applicatifs.
  • Des fonctionnalités de documentation automatiques facilitant la maintenance et le réemploi de composants.
  • Des outils de génération automatique de code.

À la fin des années 90, de nombreux éditeurs promettaient de mettre l’informatique à la portée de « Monsieur tout le monde » pour créer par simple glisser/déposer des applications personnalisées.

D’autres tentatives visaient même à faire du langage de programmation un langage « naturel ». Il ne s’agissait plus de coder mais bien de d’écrire comme si l’on parlait, rien que ça !

 

Console Windows App Studio : la promesse d’une app windows 10 sans une ligne de code
Console Windows App Studio : la promesse d’une app windows 10 sans une ligne de code

 

Pour autant, qu’il s’agisse en son temps de NSDK ou L4G ou plus récemment de Windev ou même Microsoft Visual Studio, ces outils n’ont jamais remplacé le développeur informatique ! Ils ont par contre sans aucun doute renforcé son rôle en lui permettant notamment de :

  • diminuer la quantité de code au profit de composant pré-packagés : bibliothèques ou connecteurs,
  • accroître sa productivité par la mise à disposition d’outils d’auto complétion et d’automatisation des tests,
  • faciliter la collaboration sur ses projets grâce à des gestionnaires de sources intégrés ou des outils d’intégration continue,
  • standardiser les outils, les normes et les méthodes de développement.

Alors, développer sans coder, mythe ou réalité ?

Récemment, cette vieille promesse du « low-code » connait un vif regain d’intérêt auprès d’un public beaucoup plus vaste que la stricte communauté des développeurs.

Alors qu’il y a encore quelques années, les éditeurs concentraient leurs tirs sur la mise à disposition d’outils à destination des informaticiens. Il semble que désormais, Salesforce, Microsoft ou IBM ciblent un public beaucoup plus large avec encore et toujours la même proposition de valeur :

Développer plus rapidement sans coder !

 

Salesforce propose avec Lightning Platform une solution low code
Salesforce propose avec Lightning Platform une solution low code intéressante qui fera l’objet d’un article technique sur ce blog

Dans le contexte actuel de “ transformation digitale ” qui promet finalement à toutes les sociétés, quels que soient leurs terrains de jeu, de devenir un acteur du numérique. Chaque employé à désormais son rôle à jouer. Accroître la productivité, l’agilité et l’efficacité opérationnelle, à tous les niveaux de l’entreprise grâce aux nouvelles technologies. Telle est la promesse alléchante de cette « révolution numérique ».

  • Mais derrière ces bénéfices annoncés quels sont les conséquences en matière de création informatique ?
  • Le rôle du développeur informatique va-t-il évoluer ?
  • Développer sans coder, est-ce (enfin) possible ?
  • Quelles sont les nouvelles alternatives au code ?
  • Est-ce la fin annoncé du développeur informatique tel que nous le connaissons ?

La « consumérisation » de l’IT relance le débat de la création d’applications à la portée de tous

La « consumérisation » de l’IT ?

C’est le mélange d’utilisations à la fois personnelle et professionnelle de dispositifs technologiques et d’applications. C’est très certainement une des caractéristiques majeures des entreprises qui vivent, de l’intérieur, leur transformation digitale.

Les jeunes employés, notamment ceux qui sont nés et qui ont grandi à l’heure des « dot-com», sont de moins en moins enclins à respecter une segmentation entre les usages personnels ou professionnels qu’ils font des outils informatiques.

L’avènement des géants du web (les Google, Apple, Facebook, Amazon) qui s’adressent à l’immense marché des particuliers avant de considérer le marché des entreprises a eu pour effet de changer la façon dont la technologie se diffuse dans nos vies.

Au contraire dans les années 2000, les innovations informatiques pénétraient le marché en arrivant d’abord dans nos bureaux. Aujourd’hui ce n’est plus le cas ! Et si l’innovation n’est plus l’apanage de nos services IT, ces derniers doivent désormais conjuguer avec la protection des données de l’entreprise, le monitoring des réseaux et la gestion d’un patrimoine applicatif qui n’a finalement pas été choisi mais souvent subi.

Complexification ?

Cette consumérisation a d’ailleurs donné naissance en entreprise à plusieurs phénomènes qui ont eu pour effet de complexifier grandement la tâche de nos informaticiens :

Bring Your Own Device 

1- Le BYOD

« Bring Your Own Device », bête noire des administrateurs IT qui doivent composer avec des appareils de tous types sans pour autant compromettre la sécurité des échanges et des transactions.

2- Le BYOA

« Bring Your Own Application » n’est que la suite logique du BYOD. Au sein de nombreuses DSI, il s’agit désormais davantage d’établir une culture de responsabilité informatique individuelle, de définir des règles de gouvernance et de former des utilisateurs plutôt que de délivrer des applications. Gérer l’hétérogénéité du patrimoine applicatif n’a jamais été aussi consommateur de temps et d’argent.

3- Plus récemment : le DYOA

« Develop Your Own Application » n’est finalement que l’accélération de la tendance actuelle. Plutôt que d’utiliser leurs applications personnelles, les salariés se mettent désormais à développer leurs propres outils… tout un programme !

Bring your own app

Le DYOA à l’heure du PaaS : une alternative au shadow IT ?

Les missions traditionnelles des équipes IT

Elles se concentraient jusqu’à présent sur les applications d’entreprises critiques, notamment :

  • Les ERP.
  • Les bases de données.
  • Les sites internet et intranet.
  • Les applications métiers spécifiques.

Aujourd’hui pourtant, les applications qui visent la connaissance et la satisfaction des clients (CRM et portails clients en tête) ou l’accroissement de l’efficacité opérationnelle des employés (solutions de ticketing, gestion de projet ou de budgets) concentrent l’immense majorité des investissements en entreprise.

Les éditeurs de solutions SaaS se sont engouffrés sur ce marché avec des investissements souvent à la main des métiers. C’est ce que l’on a eu coutume d’appeler le « shadow IT ». Ce pullulement de solutions SaaS ne constitue pourtant pas une solution pérenne pour les entreprises car :

  • L’hétérogénéité et l’indépendance des solutions ne permettent pas d’améliorer l’efficacité des équipes sur le long terme.
  • Le contrôle des coûts n’est pas assuré pas un organe central.
  • Le nombre croissant de fournisseurs différents rend difficile la maintenance des solutions.
  • L’absence de communication entre IT et métier met à rude épreuve la confiance au sein des équipes.

L’émergence récente des solutions PaaS est venu changer la donne

Les PaaS ont cela de différent qu’elles permettent aux DSI de garder la main sur les infrastructures, les hébergements et l’architecture de la plateforme. La souscription à un PaaS est le plus souvent le fruit d’une démarche concertée entre IT et métiers et s’inscrit généralement dans le shéma directeur des entreprises.

71% des DSI interrogés souhaitent réduire les délais de développement et de déploiement des applications. Le marché du PaaS atteindra en 2016 plus de 106 milliards de dollars, en croissance de 21% par rapport à 2015.

Source: cabinet Forester, Février 2016.

Autrefois vu par l’IT comme néfaste pour l’organisation, le cloud computing permet aujourd’hui, grâce au PaaS, d’apporter une réponse aux backlog produits qui ne cessent de s’allonger. Plutôt que de voir se creuser l’écart entre la longue « wish list » des métiers et les capacités réduites des équipes IT, le DYOA constitue vraisemblablement une alternative sérieuse au « shadow IT ».

Do it yourself

 

Quelles sont les raisons du développement sans code ?

C’est dans ce contexte que les utilisateurs sont invités à développer eux même leurs propres outils. Il ne s’agit pas bien entendu de demander à un responsable des ventes de coder une application en C# ou en Java mais d’utiliser le PaaS pour assembler et paramétrer des composants pré-configurés par simple « point & click ».

Les raisons qui poussent certaines entreprises à développer cette nouvelle culture du développement sans code peuvent être résumés en 3 axes :

1. La mise en place de nouvelles organisations pour diffuser plus rapidement les applications

Si la technologie se diffuse désormais dans l’ensemble des départements en entreprises, elle est devenue de fait un des leviers stratégiques pour accompagner la croissance et la génération des revenus. Il est donc devenu indispensable de rapprocher les équipes techniques et les équipes métiers en créant des structures et méthodes de travail adéquates. Parmi ces changements organisationnels, on peut citer :

  • La diffusion des méthodes agiles et l’émergence des structures d’organisation plates qui favorisent la diffusion des innovations et la communication.
  • La place grandissante des Product Owner issus de plus en plus souvent des départements métiers qui viennent remplacer les fonctions traditionnelles d’AMOA et resserrent les liens entre les équipes métiers et IT.
  • L’évolution du « mindset » des équipes techniques et des Chefs de Projets qui est aujourd’hui davantage orienté business avant d’être tourné vers l’expertise technique.
  • L’évolution de la fonction de CIO est d’ailleurs très révélatrice de ces changement. Le “Chief Information Officer” devient dans certaines entreprises le “Chief Innovation Officer”. Ce changement a priori insignifiant dénote pourtant la volonté des entreprises d’organiser la diffusion de l’innovation plutôt que de gérer la complexité technique.

2. Le développement d’une culture de « self-service »

Le constat est simple : l’accélération des besoins en nouvelles technologies pour le business rend exponentiel le nombre de demandes pour de nouvelles applications ou fonctionnalités. Les départements IT n’ont pas la capacité pour répondre favorablement à l’ensemble de ces demandes et c’est pourquoi ils misent sur le DYOA.

Pour autant, développer soi-même une application ne doit pas être pris à la légère. Les facteurs clés de succès du développement rapide d’applications sans code sont :

  • La formation des utilisateurs métiers et la sensibilisation d’un public néophyte sur les technologies.
  • La mise en place de règles de gouvernance simples en non coercitives pour expliquer ce qui peut être fait et ce qui doit être fait.
  • La mise à disposition d’outils permettant de simplifier les tâches: templates, interfaces graphiques modernes et engageantes, fonctionnalités « point & click », tutoriaux, core models.
  • La promotion d’outils de communication qui visent à diminuer la charge de change management et booster l’adoption des applications.

Cette démarche du self-service n’est viable que lorsque le socle technologique a été clairement défini et que les utilisateurs n’ont qu’à paramétrer les fonctionnalités dont ils ont besoin. Recréer, en partant d’une feuille blanche, un outil de gestion de la relation client, c’est retomber dans les effets néfastes du shadow IT : éparpillements, problèmes de communication, mauvais contrôle des coûts, problèmes de maintenance, etc.

3. Des constructeurs d’application plutôt que des codeurs

The rise of the citizen developer

Le développement traditionnel fait appel à des compétences informatiques poussées dans la mesure où il est nécessaire de connaitre un langage de développement avant de concevoir une application.

Les développeurs sont généralement issus d’écoles d’ingénieurs, souvent diplômé à Bac +5 et constituent un coût important pour les entreprises. Avec l’essor de plateforme d’applications cloud telle Salesforce AppCloud, Lightning Platform ou Heroku, de nouvelles façons de développer émergent :

  • Configuration d’un workflow par simple « click & play ».
  • Développement d’un site internet par simple glisser / déposer de composants.
  • Construction de rapports « à la souris », en sélectionnant les données depuis Excel par exemple.

Ces développements d’applications non critiques font le plus souvent appel à des connaissances moins techniques et l’on voit, au sein de certaines organisations, naître des fonctions de « constructeur d’applications ». Finalement, le PaaS poussent beaucoup plus loin les fonctionnalités de leurs ancêtres les AGL en y ajoutant de nombreuses couches d’abstraction. La finalité annoncée par certains éditeurs est de mettre le développement à la portée de celles et ceux qu’ils nomment les « Citizen Developpers ».

Les Citizen Developers sont-ils les futurs développeurs ?

Historiquement, les seuls développements d’application d’entreprise issus du métier se limitaient souvent à des initiatives personnelles à base de Microsoft Excel ou Access et concernaient tout au plus un groupe très limité d’utilisateurs.

Avec l’essort du « citizen development », le slogan « développez sans codez » n’a jamais été aussi proche de la réalité si on en croit Microsoft et ses Power Apps, ou biensûr Salesforce qui frappe un grand coup avec la disponibilité de sa plateforme Lightning development.

Le citizen development serait donc la réponse ultime aux maux des DSI :

  • Plus de ressources au sein des départements métiers pour délester les départements IT face aux demandes.
  • Une meilleure compréhension des besoins métiers (vertu du « do it yourself »).
  • Des solutions sans code plus facile à maintenir et moins chères à concevoir.
  • Un meilleur time-to-market dans le déploiement des applications.
  • Et finalement une meilleure diffusion des innovations technologiques dans les départements métiers.

Très différents des AGL et autres outils d’aide au développement ou devrait-on dire d’aide au code, les outils de « Citizen développement » visent résolument un public de “développeurs-constructeurs d’applications”.

Pour autant, ces plateformes requièrent une certaine aisance et s’adresse davantage aux plus dégourdis techniquement : data scientist, analystes rodés à excel et aux macros. En bref toutes personnes disposant d’une solide culture technique. Le développement sans code demande du temps, une formation et surtout des règles de gouvernance claires.

Développer sans coder, c’est finalement participer activement au « dernier kilomètre de l’innovation » mais certainement pas partir d’une feuille blanche.

Ces outils ne remplacent donc pas le code

En effet ils reposent eux même sur du code. Ils ne permettent pas d’administrer les plateformes, de développer de nouveaux composants pour enrichir les fonctionnalités. Il reste quasi-impossible de réaliser une application moderne, engageante et personnalisée sans passer à minima par :

  • La configuration avancée des sources de données.
  • Le développement de web services ou de workflow complexes.
  • L’intégration front-end qui, au-delà des templates assez basiques, permet de réellement personnaliser l’expérience des utilisateurs.

Le développeur codeur n’est pas mort !

Car il fait simplement beaucoup plus que du code. Il communique, il forme, il évangélise, il diffuse l’innovation. Il fait évoluer les composants à mettre à disposition des constructeurs d’application. Les citizen developpers sont peut-être finalement les nouveaux clients des développeurs !

Pour aller plus loin :

  • Un blog US interressant qui traite du Citizen development
  • Un article de Nicolas Lochet sur le blog de xebia.fr qui traite de l’évolution des organisations en entreprises et du rôle du manager
  • Un article de Nadia Fina sur le blog de Thiga qui met la lumière sur les relations entre business et IT et le rôle du PO

Sources :

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